La peur en musique
La musique est bien connue pour nous inspirer diverses émotions. On note par exemple que la bande-son est souvent très importante au cinéma.
Afin de provoquer chez nous ces ressentis, la musique peut jouer sur le « mimétisme », c’est-à-dire, par exemple, recréer des sons existants (souffle du vent, cloche d’une église,…), ou renvoyer à une histoire, une culture (opéra, militaire, religieux,…) ou ce à quoi on s’attend (titre, programme,…). Elle peut aussi suggérer une image ou encore un mouvement, en provoquant certains réflexes cinétiques, comme l’envie de bouger, de danser.
La musique possède aussi ses codes propres, comme des modèles rythmiques ou rhétoriques (comme l’exorde – préintroduction servant à capter l’attention), des systèmes tonaux (majeur, mineur, chromatique,…) ainsi qu’une syntaxe (qui correspond à la construction d’une phrase musicale – ou ligne mélodique, qui est variable selon les courants artistiques). Respecter ou non ces codes permet d’entraîner des sensations d’accomplissement, de surprise, de frustration, et même d’angoisse.
Pour provoquer la peur, les compositeurs ont de nombreux moyens à leur disposition. Ils peuvent par exemple reprendre le thème principal sous forme chromatique (gamme de notes montant d’un demi-ton par un demi-ton – do, do#, ré, ré#,…). L’auditeur retrouve la mélodie, mais légèrement différente, ce qui peut le déstabiliser. Certaines techniques sont caractéristiques de l’angoisse, tel les trémolos de cordes pianissimo (son très faible) ou encore les coups sourds, qui peuvent s’apparenter à des pas de monstres (comme ceux du T-Rex de Jurassic Park). Certaines oeuvres, comme le Dies Irae de Verdi, débutent abruptement sur une violence phonique, et sont suivies par un silence tout aussi brutal. Le silence s’apparente dans l’imaginaire à l’obscurité, elle-aussi source de peur. De plus, l’absence de musique va stimuler l’imagination, qui tente alors de donner une explication, parfois angoissante, à ce silence.