La Peur

La Peur

La phobie


Qu'est-ce qu'une phobie ?

Explication de la phobie par Christophe André, psychologue, dans son livre Psychologie de la peur :

« Imaginez l’alarme d’une automobile ou d’une maison. Elle ne doit normalement se déclencher qu’en cas d’effraction ou d’incendie par exemple. A ce moment et à ce moment seulement, elle doit se manifester, suffisamment fort pour être entendue, mais pas trop pour ne pas semer la panique dans le voisinage; suffisamment longtemps pour attirer l’attention, mais elle doit pouvoir être éteinte ensuite, pour permettre de régler calmement le problème. »

Cette alarme incontrôlable qui se déclenche quand le corps n’en a pas besoin et qui ne peut être éteinte est une phobie.

La phobie est un dérèglement, une peur violente et incontrôlée, qui est source de souffrance et d’inadaptation. 1/10ème de la population en souffrirait, mais toutes les personnes atteintes de phobies n’en sont pas handicapées dans leur vie quotidienne (ex: citadin qui aurait peur des chevaux). Il existe 4 familles de phobies:

  • les phobies dites « simples », dont la peur des animaux (chien, serpent, insectes,…), des éléments naturels (orage, vide, eau,…), du sang, des blessures, …

  • les phobies « sociales » comme le trac, la timidité, ou les phobies sociales

  • la phobie « de ressentir des manifestations (physiques ou mentales) ou d’être dans des situations sans pouvoir les contrôler » avec par exemple la peur que son rythme cardiaque s’accélère, ou d’avoir la tête vide, la claustrophobie, la peur des files d’attentes, des transports en commun, embouteillages, déplacements, voyages, agoraphobie.

  • phobies « diverses » telles que la peur de la mort, de la maladie, des microbes, de commettre des actes agressifs ou violents, …

 

La différence entre peurs normales et peurs phobiques. Tableau extrait de Psychologie de la peur, Christophe André:

 

Peurs normales

Peurs phobiques

Registre de l’émotion

Registre de la maladie

Peur d’intensité limitée, souvent contrôlable

Peur pouvant aller jusqu’à la panique, souvent incontrôlable

Associées à des situations objectivement dangereuses

Associées à des situations parfois non dangereuses

Évitements modérées, et handicap léger

Évitements importants, et handicap significatif

Peu d’anxiété anticipatoire: l’existence n’est pas organisée autour de la peur

Anxiété anticipatoire majeure: l’existence est organisée autour de la peur

Les confrontations répétées peuvent peu à peu faire diminuer l’intensité de la peur

Il est fréquent que, malgré des confrontations répétées, la peur ne diminue pas

 

Beaucoup de personnes se disent phobiques, cependant, seul un faible pourcentage (environ 11%) de ces peurs excessives peut réellement être désigné comme des phobies pathologiques, qui peuvent être de réels handicaps dans la vie de tous les jours. On peut aussi noter que les peurs et phobies les plus courantes, telles que celles du vide et des hauteurs ainsi que des animaux sont des peurs qui sont liées à l’évolution de l’espèce humaine (voir article « Origine de la peur »).


31/01/2016
0 Poster un commentaire

L’origine des phobies: cerveau limbique et néocortex

Le siège de nos réactions émotionnelles de peur se situe dans les parties les plus anciennes de notre cerveau, le cerveau limbique ou « cerveau émotionnel ». D’où la relative rusticité du chemin court de la peur (voir article « Les deux routes de la peur »). C’est aussi pourquoi, comme toutes les émotions, la peur échappe à notre volonté lors de son déclenchement: il n’est pas possible d’empêcher l’apparition de nos réactions de peur. Il est cependant possible de les réguler, par le chemin long, par le biais de l’hippocampe et des différents cortex, qui eux, se situent dans un autre cerveau, le néocortex. Le néocortex, littéralement « nouvelle écorce » est, comme son nom l’indique, ultérieur au cerveau limbique. Il s’est développé autour de ce dernier et le recouvre, comme une écorce. C’est grâce à lui que nous sommes capables de réguler nos émotions. C’est une des explications de la « réussite » évolutive de l’être humain par rapport aux autres espèces. Nous pouvons cependant nous demander pourquoi, si nous disposons d’un « nouveau cerveau » plus développé et efficace, l’évolution n’a pas tout simplement supprimé le cerveau limbique afin de le remplacer par le néocortex. Il se trouve que la nature a préféré garder le cerveau limbique en prévention d’une régression de notre évolution causée par un retour en arrière dans nos modes de vie. Les interactions entre ces deux cerveaux peuvent nous être bénéfiques, dans la mesure où elles nous permettent à la fois de réagir rapidement face au danger, et de réguler nos émotions si nécessaire. C’est cependant aussi à cause de cette cohabitation que les phobies existent; il peut arriver que la route courte du cerveau devienne prioritaire, empêchant la régulation de notre peur.


31/01/2016
0 Poster un commentaire