La Peur

La Peur

La peur en arts


Résumé et structure de l'intrigue

Résumé:

La famille Perron, composée des deux parents et de leurs cinq filles, emménage dans une nouvelle maison. Mais bientôt d'étranges choses commencent à se produire (mort du chien, bruits, crises de somnambulisme, bleus sur la peau,...). Ils font alors appel à un couple de parapsychologues (dont l'histoire est inspirée des véritables époux Warren) qui décident des les aider. Les phénomènes empirent et les Warren se rendent compte qu'ils sont dus à l'esprit maléfique d'une sorcière qui a vécu dans la maison (elle aurait sacrifié son enfant, et sa présence serait à l'origine d'autres morts et meurtres effroyables aux alentours). Cet esprit s'est accroché à la famille Perron, et commence à posséder Carolyn (la mère de cette famille). Les Warren sont alors obligés de procéder à un exorcisme sans attendre l'aide de l'Eglise. Le dénouement est finalement heureux.

 

Structure:

Prélude

histoire d'Annabelle (poupée ensorcelée; l'histoire est racontée par deux jeunes filles aux époux Warren, avec, pour le spectateur, un retour en arrière)

Situation initiale

la famille Perron (2 parents + 5 filles) emménage dans un nouvelle maison

Elément déclencheur

premiers évènements étranges (mort du chien, bleus, pendules qui s'arrêtent à 3h07, crise de somnambulisme...)

Péripéties principales

(les péripéties secondaires et principales sont numérotées dans leur ordre d'apparition dans lefilm)

2- mère dans la cave (la mère descend dans la cave, mais lorsqu'elle veut remonter, la porte lui claque au nez; dans le noir, elle parvient à allumer une allumettes; on entend une voix d'enfant et deux mains frappent à côté d'elle; plan sur la porte de la cave qui tremble) + sorcière en haut de l'armoire (une des filles a de nouveau une crise de somnambulisme, elle se cogne la tête contre l'armoire de sa soeur; cette dernière regarde dans l'armoire, mais il n'y a rien; elles lèvent la tête et la sorcière se trouve au-dessus de l'armoire; celle-ci leur saute dessus) 

5- drap qui s'envole + sorcière et mère (un drap étendu s'envole, est arrêté par une forme humanoïde puis se dirige vers la chambre où dort la mère; on aperçoit la sorcière à la fenêtre; des bleus apparaissent sur les bras de la mère, puis la sorcière lui crache du sang dans la bouche) autres apparitions (bonne qui s'est suicidée) + petite fille somnambule et disparition dans l'armoire (une des filles disapraît et est retrouvé dans l'armoire) passage dans l'armoire puis chute à la cave (Lorraine Warren tombe par le plancher de l'armoire et atterit dans la cave; en utilisant la boîte à musique, elle voit une mère tenant dans ses bras un enfant assassiné; elle voit ensuite le pendu et la sorcière; en voulant remonter, son collier donné par sa fille la retient), une des petites fille est tirée par les cheveux par une force invisible, la fille des Warren apparaît à sa mère, flottant dans l'eau

7- Annabelle + sorcière (la fille des Warren est tirée par les pieds durant la nuit; elle descend dans la réserve de ses parents, mais la poupée Annabelle n'est plus dans sa vitrine; la petite se dirige vers le salon; la sorcière est sur la chaise à bascule, brossant la poupée; elle se retourne vers la petite fille qui évite la chaise à bascule projetée grâce à l'intervention de ses parents), la mère de la famille est partie avec ses deux filles dans la maison, elle essaye de tuer sa fille + exorcisme (les époux Warren interviennent et Ed Warren décide de réaliser l'exorcisme lui-même)+ recherche d'April (alternance de plan avec l'exorcisme; la plus petite des filles a disparu et l'assistant des époux Waren part à sa recherche dans la maison) + rassemblement des deux (l'assistant réussit enfin à la retrouver, mais la sorcière, qui a pris possession du corps de la mère, l'entend et essaye de rattraper la petite fille pour la tuer)

Péripéties secondaires

(les péripéties secondaires et principales sont numérotées dans leur ordre d'apparition dans le film)

1- scène de jeu (la mère et la plus petite des filles jouent au cache-tape [jeu de cache-cache où la personne cachée doit frapper dans ses mains]; la mère les yeux bandés demande à sa fille de frapper dans ses mains; on voit la porte d'une armoire s'ouvrir d'elle-même et deux mains en sortirent pour frapper; la mère se dirige vers l'armoire, mais lorsqu'elle y plonge les mains, il n'y a rien et la petite fille apparait derrière elle) +fille tirée par les pieds et présence derrière la porte (une des filles se sent tirée par les pieds durant la nuit, elle accuse d'abord sa soeur, mais celle-ci dort; elle regarde sous son lit et voit la porte de la chambre s'ouvrir; on entend ses cris, mais lorsque les parents arrivent, il n'y a rien derrière l'armoire) 

3- événements étranges avec les époux Warren (durant leur enquête dans la maison des Perron, Lorraine Warren voit un enfant en arrière-plan en regardant dans le miroir d'une boîte à musique, et plus tard, un pendu dans le jardin) + recherches et bande enregistrée (les Warren exposent les inquiétants résultats de leur enquête sur le passé de la maison des Perron, fait de nombreux crimes et morts suspectes; la bande sur laquelle ils avaient enregistré les paroles de la mère de la famille Perron, que l'on n'entendait pas dessus, se remet en marche toute seule et on entend des bruits inhumains)

4- installation pièges à fantômes (les Warren, un policier et leur assistant installe des pièges à fantômes, mais les premiers évènements étranges détectés par ceux-ci ne débouchent sur rien)

6- entretien avec un prêtre (les époux Warren lui montrent des photos prises dans la maison où on voit des apparitions surnaturelles)

Résolution

Alors que la sorcière est prête à tuer la petite fille (7), Lorraine Warren parvient à rappeler la mère de la famille Perron à la raison, faisant aisni fuir la sorcière hors de son corps

Situation finale

La maison est débarassée de l'esprit maléfique et tout le monde est sauf; retrouvailles familiales. Fin heureuse

Epilogue

Les Warren évoquent une prochaine affaire; gros plan sur la boîte à musique de la maison des Perron (+ muisque) mais rien n'apparait dans le miroir; noir + générique inquiétant avec les photos de la véritable famille Perron

 

 

 


31/01/2016
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Analyse détaillée des procédés d'une scène du film

Résumé et situation dans l'oeuvre :

Après la disparition d'une des filles Perron, les époux Warren parviennent à la retrouver dans un passage situé au fond d'une armoire (5, voir article « résumé et structure »). Dans celui-ci, ils découvrent des objets abandonnés, comme des vieux jouets d'enfants, où se trouvait la boîte à musique avec laquelle jouait la plus petite des filles Perron, ainsi qu'une corde de pendu. Soudain, le plancher cède et Lorraine Warren chute jusque dans la cave. Elle utilise la boîte à musique tombée avec elle et, dans le miroir de celle-ci, aperçoit une mère tenant son enfant mort dans les bras, ainsi qu'un couteau. Puis cette dernière se retrouve devant elle, suivie par un pendu, qui apparaît dans la cave. Terrifiée, Lorraine Warren essaye de remonter jusque dans la maison, mais son collier, celui que lui avait offert sa fille, la retient. Finalement, elle parvient à le détacher et à s'échapper de la cave.



Procédés :

 

 

 Situation

Procédés utilisés

Lorraine Warren observe le lieu situé derrière l'armoire. Présence de la boîte à musique, ainsi que d'une corde de pendu

Les deux objets sont des motifs récurrents dans le film. La corde fait référence au pendu apparu plus tôt dans le film. La boîte à musique, quant à elle, a été utilisée par la plus petite des filles Perron, et Lorraine Warren a déjà aperçu le fantôme d'un garçon dans son miroir.

 

Le plancher cède et Lorraine Warren tombe dans la cave. Ed Warren, son mari, se précipite pour frapper contre le mur afin de savoir où elle est tombée. Des scènes montrant l'un, puis l'autre s'alternent tout au long de la séquence.

Évènement soudain qui provoque la surprise (chute), et donc parfois un sursaut de frayeur. La lumière et les couleurs opposent les deux types de scènes: celles montrant Lorraine sont sombres, avec des couleurs froides, tandis que celles montrant Ed, sont lumineuses, avec couleurs chaudes (opposition de deux univers, l'un dangereux, la cave, l'autre plus rassurant, la maison, le foyer).Une musique rapide et aigüe, jouée par des instruments à cordes (semblable à celle de la scène de la douche dans Psychose, d'Alfred Hitcock) débute. Ce type de thème est récurrent dans les films d'épouvante, comme une sorte de code, utilisé pour faire monter la tension chez le spectateur.

Lorraine regarde autour d'elle au moyen de sa lampe torche.

La musique s'est arrêtée. Le silence met nos sens aux aguets, à l'affut du moindre bruit. Au contraire de la musique, le silence fait monter une angoisse plus sourde, car nous attendons qu'il se produise quelque chose, sans en connaître le moment exact.Jeu de lumière avec la lampe: seule une petite partie de la cave est éclairée, à la fois. De plus, la caméra est placée comme si nous voyions par les yeux de Lorraine Warren, qui ne peut pas avoir, elle non plus, de vision entière de la cave. Ce qui effraie ici, est le hors-champ, ce que nous ne voyions peut-être pas. (jeu sur l'implicite) 

Lorraine remonte la boîte à musique, tout en regardant dans son miroir. On entend la mélodie, puis des pleurs se rajoutent par-dessus. Dans le miroir, on aperçoit soudain la silhouette d'une femme tenant un couteau ensanglantée dans la main, et penchée au-dessus du corps d'un enfant. La musique s'arrête et on voit la mère en arrière-plan de Lorraine. Celle-ci tourne la tête vers Lorraine. Une musique quasiment inaudible (comme un souffle) débute. Lorsque Lorraine se retourne, la mère et son enfant n'y sont plus. 

 

 

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(pour une meilleure visibilité, la saturation des images a été augmentée)

La mélodie de la boîte à musique agit elle-aussi comme un motif récurrent. Elle rappelle l'enfance, mais on sait déjà, nous spectateur, qu'elle intervient souvent dans le film lorsque quelque chose de surnaturel va se produire. La succession de plans où on voit la mère et son enfant d'abord dans le miroir, puis directement, provoque la peur: ce n'est plus seulement une apparition, mais une chose réelle. Mais le doute revient, lorsque Lorraine se retourne et que la mère ne s'y trouve plus. De plus, le couteau couvert de sang contribue lui-aussi au caractère horrifique de la scène. La musique presque inaudible peut, quant à elle, correspondre au bruit de créatures surnaturelles. Très basse, elle met nos sens aux aguets.

 

 

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Lorraine regarde à nouveau le miroir, mais lorsqu'elle le baisse, le visage de la mère se trouve juste devant elle. Une musique plus forte ponctue cet instant. La mère prononce "elle m'a obligée à le faire", puis tourne la tête vers le hors-champ, semblant effrayée. Il y a un bruit de corde de pendu sur le bois et Lorraine se retourne, tandis que la mère disparaît.

 

 

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L'apparition de la mère derrière le miroir, ponctuée par un accord plutôt fort, provoque la surprise et donc la peur. Le visage est pâle, les yeux cerclés de maquillage noir qui semble avoir ruisselé sur ses joues, les lèvres rouges, elles-aussi poursuivies par des traînées de maquillage rouge. Son apparence renforce elle-aussi le caractère horrifique. L'emploi du pronom "elle" renvoie à une personne ou une chose que l'on ne connaît pas ou mal, une menace indéfinie, et donc propre à provoquer l'angoisse. De plus, la phrase de la mère peut elle-aussi déclencher la peur, car elle parle du meurtre de son fils.Le hors-champ est ce que nous ne voyions pas donc, lorsque la mère tourne la tête vers celui-ci, effrayée, on se demande ce qu'il peut bien y avoir. La crainte ressentie est donc différente selon les spectateurs et ce qu'ils ont le temps d'imaginer.

Lorraine regarde dans la cave. On entend un souffle et un grognement sourd. Alors que Lorraine Waren s'approche d'un endroit de la cave pour mieux voir, le pendu (seulement ses pieds) apparaît dans un bruit de corde. Lorraine pousse un cri, et la musique reprend.

 

 

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Réutilisation des jeux de lumière avec la lampe torche. Le silence fait place à des bruits inhumains, qui sont aussitôt apparentés à une menace. La tension monte chez le spectateur, qui guette le moment où quelque chose se produira (l'acmé, ici, l'apogée de l'angoisse). L'apparition du pendu constitue ici une acmé. Il provoque la surprise, et donc, préparé par la période d'angoisse où il ne se passait rien juste avant, la peur. La musique, qui repose toujours sur les mêmes types d'instruments et de tonalité, ponctue chaque moment de surprise. Les instants "d'attente", utilisés pour faire monter l'angoisse se font quant à eux dans le silence. On peut donc observer une utilisation systématique de la même bande-son pour les moments ayant le même objectif.

Le pendu se met à tourner. On entend comme des coups frappés sur le bois. Lorraine halète puis se met à hurler en s'enfuyant. Le pendu se balance vers elle. Un plan sur le visage de la mère qui pousse un râle. Lorraine court, mais son collier la retient, tandis que la musique se fait plus forte. Elle parvient finalement à le détacher et à remonter de la cave.

Les bruits de corde, désagréables à l'oreille, nous plonge dans l'univers des esprits et de morts. Les coups portés sur le bois ne semblent pas avoir d'origine. On ne sait pas s'ils viennent de l'extérieur ou d'une autre créature présente elle-aussi dans la cave. Le doute peut alors provoquer l'angoisse. Le pendu qui se balance, la mère qui pousse un râle, la fuite de Lorraine, leurs plans se succèdent très rapidement, faisant monter la tension chez le spectateur. Nous sommes à l'apogée de la scène, le moment où les forces surnaturelles "s'en prennent" à Lorraine Warren. La musique accompagne une fois encore cette succession de plan.

La panique de Lorraine déclenche l'effroi, car nous ressentons une partie de ses émotions grâce à l'empathie que nous avons pour elle (plus ou moins forte selon le spectateur). Plus tôt dans l'extrait, le personnage gardait son sang-froid et sa raison, malgré les apparitions surnaturelles. A partir du moment où elle perd le contrôle de ses émotions, toute la tension et l'angoisse accumulées durant la scène se relâche, provoquant une peur plus forte, liée à la surprise, mais aussi à la surcharge d'informations que doit traiter notre cerveaux (musique, nombreux plans, cris, mouvement des personnages,...)Le collier est lui-aussi un motif récurrent. Il a été donné à Lorraine par sa fille. L'esprit maléfique, en la retenant par le bijou, l'attaque donc, métaphoriquement, par sa faiblesse, sa famille, qu'il veut détruire.

 



Cet extrait est très représentatif des différents procédés utilisés au cours du film. Tout d'abord, la musique, ainsi que tous les autres bruits, ou même le silence, qui jouent un rôle prépondérant. Ensuite, les objets récurrents, qui marquent le film, et lient les différents événements horrifiques entre-eux. Enfin, la tentative d'anéantissement de la famille est un des thèmes abordés dans l'intrigue, que l'on retrouve, là encore métaphoriquement, dans la destruction des portraits de la famille Perron par l'esprit maléfique, plus tôt dans le film.

En dernier lieu, le schéma binaire, une montée de l'angoisse, suivi par un événement soudain et effrayant, se retrouve lui-aussi tout au long du film, lui donnant, entre autres, son caractère horrifique. 


31/01/2016
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La peur en littérature

Lorsqu’on cite la peur, on a souvent tendance à penser cinéma d’horreur. Pourtant, la littérature n’a pas attendu son invention pour tenter de nous effrayer. 

Usant de la peur pour en tirer un enseignement ou expliquer le monde, les contes de fées, depuis édulcorés par des auteurs comme Charles Perrault, ainsi que les mythes et légendes, sont à l’origine de nos romans d’épouvante modernes. Mais le premier vrai genre littéraire que l’on peut qualifier d’« horrifique » est le roman gothique. Apparu au XVIIIe siècle , présent particulièrement en Grande-Bretagne, il se caractérise par les lieux où se situe l’intrigue, ainsi que leur atmosphère. Des romans comme Le Château d’Otrante d’Horace Walpole, publié en 1764, ou encore Les Mystères d’Udolphe, d’Ann Radcliffe de 1794, tiennent place dans la lande ou la campagne déserte, au sein de châteaux anciens aux longs corridors et peuplés de fantômes ou de créatures surnaturelles. Ces créatures, les auteurs gothiques du XIXe siècle se plairont à les développer, comme le personnage du vampire chez Bram Stocker (Dracula, 1897) ou Sheridan le Fanu (Carmilla, 1872), ou du monstre avec le Frankenstein de Mary Shelley, publié en 1818.

Durant le même siècle, se développe aussi le fantastique. Ce genre, alors très prisé sous forme de nouvelles, correspond à l’apparition d’événements étranges dans un cadre réaliste, sans que le lecteur ne puisse à un moment déterminé s’ils ont une explication rationnelle ou non. Ce doute, cette menace imprécise, c’est ce que Freud nomme l’ »unheimlich », traduit par l’ »inquiétante étrangeté » en français. Les grands thèmes sont bien entendu l’apparition de fantômes ou d’esprit, mais aussi la folie et les hallucinations. Les grands maîtres du genre sont, entre autres, Guy de Maupassant, Le Horla (1887), La Chevelure (1884), … et Edgar Allan Poe, auteur des Nouvelles histoires extraordinaires.

Dans les années 1950, on assiste à une approche plus « psychologique » du genre de l’épouvante. C’est entre autres le cas pour des auteurs comme Richard Matheson, qui écrit en 1950 le Journal d’un monstre, raconté par le monstre lui-même, ou encore Shirley Jackson (Maison Hantée, 1959). 

Le genre principal de la peur est le roman d’horreur, aussi appelé roman d’épouvante. Celui-ci a pour but direct de faire éprouver au lecteur de l’angoisse, et même de l’effroi. Il est souvent mêlé à d’autres genres, comme le roman policier, la fantasy ou la science-fiction. Relancé par deux romans dans les années 1970, qui seront plus tard adaptés au cinéma, Rosemary’s Baby d’Ira Levin (1967) et L’Exorciste de William Peter Blatty (1971), le genre est aujourd’hui largement représenté par des collections comme Chair de Poule ou des écrivains comme Stephen King. 

Certaines oeuvres appartenant à des genres comme le thriller ou encore la dark fantasy, sont parfois considérées comme des romans d’épouvante. Les deux se caractérisent par une ambiance sombre et pessimiste de la nature humaine et du monde, effaçant les frontières entre les notions de Bien et de Mal. Mais si les thrillers se passent plutôt dans notre univers, s’inspirant des tueurs en série ou de la folie – on peut par exemple citer Le Silence des Agneaux de Thomas Harris, publié en 1988, ou encore Shutter Island de Dennis Lehane (2003), la dark fantasy prend plutôt place dans des mondes parallèles et moyennâgeux (comme l’heroic-fantasy). Des auteurs célèbres de ce dernier genre sont par exemple H.P. Lovecraft (Le mythe de Chtulu, 1928) ou Clive Baker (Everville, 1994).

Mais malgré des oeuvres et des auteurs emblématiques, la littérature doit sans cesse évoluer, en même temps que nos peurs, car ce qui terrifiait les lecteurs du XVIIIe siècle, ne nous effraie plus forcément aujourd’hui. C’est le même phénomène qui touche l’industrie du cinéma.

Pour réussir à nous insuffler la crainte et l’effroi, les auteurs sont divisés en deux écoles: celle de l’horreur implicite, et celle de l’horreur explicite. La première laisse les lecteurs imaginer eux-mêmes ce qu’il peut se passer, les faisant douter, comme dans les nouvelles fantastiques. Pour cela, il existe différentes techniques, de narration par exemple, le narrateur étant souvent interne, car il offre un point de vue subjectif et réduit de la situation (ex: journal intime). On peut par exemple citer Laissez venir à moi les petits enfants de Stephen King (1972). La seconde école nous décrit l’horreur avec le plus de détails possibles. Cette méthode aboutit parfois à une surenchère de l’horreur. Un roman célèbre est Les Rats de James Herbert, publié en 1974. 

Il existe aussi des techniques ponctuelles, qui permettent de créer la peur. Ainsi, les auteurs montrent parfois aux lecteurs des choses que le protagoniste ignore. Averti, nous craindrons en amont pour le personnage, qui lui ne se doute de rien. La longueur des phrases a aussi son importance. Des phrases courtes accéléreront un passage, faisant monter la tension chez le lecteur. Une syntaxe déstructurée et des phrases nominales ou séparées par des points de suspension nous plongeront pleinement dans l’esprit d’un personnage fou ou tourmenté (comme à la fin de La Chevelure de Maupassant). Les oeuvres d’épouvante usent parfois aussi de motifs récurrents, comme d’objets ou d’apparitions inquiétantes ou obsédantes. On peut par exemple citer le portrait dans Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde en 1890, ou encore le clown de Ca de Stephen King, publié en 1986. Enfin, comme au cinéma, la littérature de l’horreur joue sur la gradation, les événements s’enchaînent de plus en plus vite, et de plus en plus terrifiants, jusqu’à l’acmé, le point le plus haut dans l’intrigue, et la peur.


31/01/2016
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La peur en musique

La musique est bien connue pour nous inspirer diverses émotions. On note par exemple que la bande-son est souvent très importante au cinéma.

Afin de provoquer chez nous ces ressentis, la musique peut jouer sur le « mimétisme », c’est-à-dire, par exemple, recréer des sons existants (souffle du vent, cloche d’une église,…), ou renvoyer à une histoire, une culture (opéra, militaire, religieux,…) ou ce à quoi on s’attend (titre, programme,…). Elle peut aussi suggérer une image ou encore un mouvement, en provoquant certains réflexes cinétiques, comme l’envie de bouger, de danser.

La musique possède aussi ses codes propres, comme des modèles rythmiques ou rhétoriques (comme l’exorde – préintroduction servant à capter l’attention), des systèmes tonaux (majeur, mineur, chromatique,…) ainsi qu’une syntaxe (qui correspond à la construction d’une phrase musicale – ou ligne mélodique, qui est variable selon les courants artistiques). Respecter ou non ces codes permet d’entraîner des sensations d’accomplissement, de surprise, de frustration, et même d’angoisse.

Pour provoquer la peur, les compositeurs ont de nombreux moyens à leur disposition. Ils peuvent par exemple reprendre le thème principal sous forme chromatique (gamme de notes montant d’un demi-ton par un demi-ton – do, do#, ré, ré#,…). L’auditeur retrouve la mélodie, mais légèrement différente, ce qui peut le déstabiliser. Certaines techniques sont caractéristiques de l’angoisse, tel les trémolos de cordes pianissimo (son très faible) ou encore les coups sourds, qui peuvent s’apparenter à des pas de monstres (comme ceux du T-Rex de Jurassic Park). Certaines oeuvres, comme le Dies Irae de Verdi, débutent abruptement sur une violence phonique, et sont suivies par un silence tout aussi brutal. Le silence s’apparente dans l’imaginaire à l’obscurité, elle-aussi source de peur. De plus, l’absence de musique va stimuler l’imagination, qui tente alors de donner une explication, parfois angoissante, à ce silence. 


31/01/2016
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Historique de la peur au cinéma

Chaque époque a eu ses propres peurs et a cherché à les exorciser. Avec le cinématographe, les artistes ont trouvé un support parfaitement adapté pour exprimer l’effroi. Néanmoins, du fait des contextes historiques, géopolitiques, ou des tendances du temps, la terreur a pu prendre mille et une formes.

Dès les années 1920, alors que le cinéma est encore muet, on voit l’apparition de ce que l’on appellera films d’horreur. La tendance est aux monstres et aux humains difformes, inspirés des œuvres littéraires; celle-ci se poursuivra dans les années 1930 et 1940. On retrouve par exemple des œuvres comme Nosferatu le Vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens) de Friedrich Wilhelm Murnau en 1922, ou Dracula de Tod Browning (1931), tous deux tirés du roman Dracula de Bram Stoker. A retenir encore, le Frankenstein de James Whale (1931) d’après l’oeuvre de Mary Shelley, ou Docteur Jekyll et M. Hyde (Dr. Jekyll and Mr. Hyde) de Rouben Mamoulia la même année (de la nouvelle de Robert Louis Stevenson, L’Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde) 

En 1950, le développement des effets spéciaux (premier film d’horreur en 3D en 1952, Bwana Devil d’Arch Oboler) et l’environnement, la guerre froide, la peur du nucléaire, changent le visage du cinéma de la peur. L’horreur s’invite dans les films de science-fiction, diversifiant le genre. On peut citer ici quelques oeuvres comme La Chose d’un autre monde (The Thing from Another World) de Christian Nyby en 1951, L’Invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of The Body Snatchers) de Don Siegel en 1956, qui traitent de la peur d’une menace indéfinie mais proche, crainte majeure durant la guerre froide. Le dérapage des sciences, principalement nucléaires est aussi développé dans des films tel Godzilla d’Ishirō Honda en 1954 (mutations dûe à des radiations) ou La Mouche Noire (The Fly) de Kurt Neumann en 1958 (scientifique défiguré après une expérience ratée).

Les années 1960-70 voit l’apparition d’un genre plus « gore », plus sanglant, et le développement d’un certain réalisme, comme avec les personnages de psychopathes. Des films comme Psychose d’Alfred Hitchcock de 1960 et Le Voyeur (Peeping Tom ) de Michael Powell en 1960, mettent par exemple l’accent sur la part psychologique des personnages. D’autres comme La Nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead ) de Georges A. Romero (1968) ou Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chainsaw Massacre) de Tobe Hooper (1974) n’hésitent pas à porter à l’écran des massacres avec le plus de réalisme possible. La Dernière Maison sur la gauche (The Last House on the Left) de Wes Craven (1972) abordent même l’humiliation, la torture et les violences sexuelles.

La décennie suivante voit le développement des slasher (films mettant en scène un tueur psychopathe élimine un par un les protagonistes) comme Vendredi 13 de Sean S. Cunningha (1980). Si certains réalisateurs accentuent encore l’horreur dans leurs films, tel William Lustig avec Maniac en 1980, d’autres y ajoutent un humoir noir et acide. C’est le cas par exemple dans Le Retour des morts-vivants (The Return of the Living Dead) de Dan O’Bannon (1985) et de Jeu d’enfant (Child’s Play) de Tom Holland (1989)

Les années 1990 voient deux tendances principales se dessiner. L’une est l’utilisation du « gore » afin de faire rire. En effet, les spectateurs commencent à connaître les codes du genre et les réalisateurs les font passer « en coulisses ». On retiendra par exemple Braindead de Peter Jackson (1992), ainsi que Scream, et ses innombrables suites, de Wes Craven, sorti en 1996. Une deuxième sorte de films fait aussi son apparition, les faux-documentaires. Des oeuvres comme Projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez (1999) se veulent inspirés de faits réels et touchent un public large, en mettant en scène « Monsieur-tout-le-monde »

Aujourd’hui, le film d’horreur est un genre à la mode, en témoigne les nombreuses œuvres sortant au cinéma. On retrouve les différents types, du « slasher » aux parodies, en passant par le faux documentaire, comme Paranormal Activity 5 Ghost Dimension de Gregory Plotkin (2015).


31/01/2016
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